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DE LA SAGESSE,

Par la cognoissance de soy l’homme monte et arrive plustost et mieux à la cognoissance de Dieu, que par toute autre chose, tant pour ce qu’il trouve en soy plus de quoy le cognoistre, plus de marques et traicts de la divinité, qu’en tout le reste qu’il peut cognoistre ; que pource qu’il peut mieux sentir, et sçavoir ce qui est et se remue en soy, qu’en toute autre chose. Fotmasti me et posuiti super me manum tuam, ideo mirabilis facta est scienta tua, (id est, tui) ex me [1] : Dont estoit gravée en lettres d’or sur le frontispice du temple d’Apollon, Dieu (selon les payens) de science et de lumiere, ceste sentence, cognois-toy,

    verras combien ton avoir est peu de chose. Consulte-toi; scrute ton intérieur pour savoir si la nature ou quelque mauvaise habitude n'aura pas greffé en toi quelque vice. » — « Tout ce passage est composé de vers et bouts de vers pris dans Horace, Juvénal et Perse, et que Charron a réunis, sans s’embarrasser du rhythme. Voici comment il faut lire les derniers vers qu'il a étrangement défigurés. Ils se trouvent dans les Satires d'Horace, L. I, Sat. I, v. 36. et suiv.

    Denique te ipsum
    Concute num qua tibi vitiorum inserverit olim
    Natura, aut etiam consuetudo mala, namque
    Neglectis urenda filix innascitur agris.

    Le bout de vers nec te quœsivenis extra, est pris de Perse, Sat. I, v. 7.

  1. « Tu m'as formé, et tu as posé ta main sur moi ; c'est pourquoi la connaissance que j'ai acquise de toi, est devenue admirable », Psalm. 138.