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VIE DE CHARRON.


Le dix-septième siècle usa de cette liberté, mais avec prudence, comme le prouvent les ouvrages de Descartes, de Gassendi, de Pascal, de La Rochefoucauld, etc. : ceux-ci eurent pour successeurs, dans le dix-huitième, les Bayle, les Voltaire, les Rousseau, les Diderot, les Helvétius, et beaucoup d’autres à qui l'on a reproché d’avoir ébranlé les bases de l’ordre social par l’audace de leurs opinions.

Que cette accusation soit fondée ou non, c’est ce qu’il n’est pas de notre sujet d’examiner ici. Toujours est-il vrai, que ni Montaigne, ni Charron ne pouvaient prévoir que cette liberté de penser, qu’ils cherchaient à introduire dans la philosophie, parce qu’il n’y a que, ce moyen d’arriver à la vérité, amènerait, tout en détrônant l’erreur et les superstitions, des discordes et des révolutions générales ; toujours est-il vrai qu’on ne saurait, sans injustice , leur imputer les maux, soit réels, soit imaginaires, que l’on assure en être résultés.

Mais c’est du second de ces auteurs seulement, que nous devons en ce moment nous occuper. Notre tâche, en publiant ses ouvrages , doit être d’abord de le faire connaître de nos lecteurs. Quoique théologien, il fut philosophe ; c’est dire qu’il mérite l’intérêt, c’est avoir fait en quelques mots son éloge. Pierre Charron naquit à Paris, en 1541. Son père, libraire dans cette ville, eut vingt-cinq enfans ; quatre, d’une première femme ; vingt-un, d’une seconde : celle-ci fut la mère de Charron. Ses parens, quoiqu’ils pussent difficilement soutenir une famille si nombreuse, résolurent de ne rien négliger pour son édu-