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LV
PRÉFACE.


de la vie humaine, et toutes les parties du devoir et de l’honneste. Au reste je traitte et agis icy non scolastiquement ou pedantesquement, ny avec estendue de.discours, et appareil d’eloquence, ou aucun artifice. La sagesse (quœ si oculis ipsis cerneretur, mirabiles excitaret amores sui [1]) n’a que faire de toutes ces façons pour sa recommandation, elle est trop noble et glorieuse : mais brusquement, ouvertement, ingenuement : ce qui (peut-estre) ne plaira pas à tous. Les propositions et verités y sont espesses, mais souvent toutes seches et crues, comme aphorismes, ouvertures et semences de discours.

Aucuns [2] trouvent ce livre trop hardy et trop libre a heurter les opinions communes , et s’en offensent. Je leur responds ces quatre ou cinq

  1. « Laquelle, sî l’on pouvait la contempler des yeux du corps, exciterait en nous de merveilleux transports d’amour ». Cicéron, de Offic. L. I, chap. v. — Cette pensée est de Platon, comme le dit Cicéron lui-même.
  2. Variante. Le dernier alinéa de cette préface, et les trois alinéa commençant à Aucuns trouvent etc., et finissant par ces mots : à qui la dira, formaient l'Advertissement de l'autheur, qui était destiné par lui à être mis en tête de l’édition qu’il donnait en 1603. Bastien l’a mis séparément à la tête de la sienne. L’édition de Dijon a négligé cette variante. Mais cet avertissement ne manque pas à toutes les éditions postérieures à 1601, comme le dit Bastien, puisqu’il se trouve fondu dans cette préface de la deuxième édition.