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LIV
PRÉFACE


et net, le malade au sain ; mais le pedant, au sens que nous le prenons, comprend tout cela, et encores plus, car il désigné celuy, lequel non seulement est dissemblable et contraire au sage, comme les precedens, mais qui roguement et fièrement luy resiste en face, et comme armé de toutes pieces s’eleve contre luy et l’attaque, parlant par resolution et magistralement. Et pource qu’aucunement il le redoute, à cause qu’il se sent descouvert par luy, et veu jusques au fond et au vif, et son jeu troublé par luy, il le poursuit d’une certaine et intestine hayne, entreprend de le censurer, descrier, condamner, s’estimant et portant pour le vray sage, combien qu’il soit le fol non pareil.

Aprés le dessein et l’argument de cet œuvre, venons à l’ordre et à la methode : Il y a trois livres : le premier est tout en la cognoissance de soy, et de l’humaine condition preparative à la sagesse, ce qui est traitté bien amplement par cinq grandes capitales considerations, dont chascune en a plusieurs soubs soy. Le second contient les traits, offices et regles generales et principales de sagesse. Le tiers contient les regles et instructions particulieres de sagesse, et ce par l’ordre et le discours des quatre vertus principales et morales, prudence, justice, force, temperance : soubs lesquelles est comprise toute l’instruction