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LIII
PRÉFACE.


des philosophes, et m’attaquerois moy-mesme, puis que j’en suis et en fais profession, mais une certaine qualité et degré d’esprits que j’ay dépeints cy-dessus, sçavoir, qui sont de capacité et suffisance naturelle fort commune et mediocre, et puis mal cultivés, prevenus, et aheurtés a certaines opinions, lesquels se trouvent soubs toute robbe, en toute fortune et condition vestue en long et en court : vulgum tàm chlamidatos ; quàm coronam voco [1] . Que l’on me fournisse un autre mot qui signifie ces tels esprits, je le quitteray [2] très volontiers. Après cette mienne declaration, qui s’en plaindra, s’accusera, et se monstrera trop chagrin. On peut bien opposer au sage d’autres que pedant, mais c’est en sens particulier, comme le commun, le prophane et populaire, et le fais souvent : mais c’est comme le bas au haut, le foible au fort, le plat au relevé, le commun au rare, le valet au maistre, le prophane au sacré : comme aussi le fol, et de fait au son des mots c’est son vray opposite ; mais c’est comme le déréglé au reglé, le glorieux opiniastre au modeste, le partisan à l’universel, le prévenu et atteint au libre, franc,

  1. « J’appelle vulgaire aussi bien ceux qui portent une couronne, que ceux qui ne sont vêtus que d’une chlamide ». Sénèque, de Vitâ beatâ, chap. II.
  2. Je le laisserai pour prendre cet autre mot.