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LIVRE I, CHAPITRE LXII.

utiles, elles auront l'approbation et bonne renommée parmi les coignoissans, la seureté et protection des loix, mais non l'honneur qui est public, et a plus de dignbité, d spendeur et d'esclat [1]. Aucuns y adjoustent la troisieme, c'est que l'action ne soit point d'obligation, mais de supereogation.

Le desir d’honneur et de gloire, et la queste de l’approbation d’autruy, est une passion vicieuse, violente, puissante, de laquelle a esté parlé en la passion d’ambition ; mais très utile au public à contenir les hommes en leur debvoir, à les esveiller et eschauffer aux belles actions [2], tesmoignage de la foiblesse et insuffisance humaine, qui, à faute de bonne monnoye, employe la courte et la faulse. Or en quoy et jusques où elle est excusable, et quand vituperable, et que l’honneur n’est la recompense de la vertu, se dira après [3].

Les marques d’honneur sont fort diverses, mais les

  1. Il paraît que Charron ne distingue point assez, dans tout ce paragraphe, l'honneur de la gloire. L'honneur est, ou doit etre le prix d'une conduite sage, réglée, honnête, la gloire suit ordinairement les actions extraordinaires, brillantes, et devrait être, mais ce n'est pas toujours, le prix de celles qui sont éminemment utiles à la société.
  2. Socrates avait dit : « C'est l'amour de la gloire qui pousse les hommes aux actions excellentes. » Xénophon, Rerum memorabilium, L. III.
  3. L. III, chap. de le vertu de la Tempérance