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DE LA SAGESSE,

il est party, et porte lors le nom d’honneur, de loüange, de gloire et renom.

[1] Mais pour quelles actions est deü l’honneur ? c’est la question. Aucuns pensent que c’est generalement pour bien faire son debvoir, et ce qui est de sa profession, encores qu’il ne soit point esclatant ni fort utile, comme celuy qui, sur l’eschafaut [2], joue bien le personnage d’un varlet, n’est pas moins loüé que celuy qui représente le roy ; et à celuy qui ne peust travailler en statues d’or, celles de cuivre ou de terre ne luy peuvent faillir, où il peust aussi bien monstrer la perfection de son art : tous ne peuvent s’employer ny ne sont appelés au maniement des grands affaires : mais la loüange est à bien faire ce que l’on a affaire. Cecy est trop ravaler et avilir l’honneur, qui n’est pas un commun ny ordinaire loger pour toutes personnes et toutes actions justes et légitimés ; toute chaste femme, tout homme de bien n’est pas d’honneur. Les sages y requièrent encores deux choses, ou trois ; l’une est la difficulté, peine ou danger : l’autre est l’utilité publicque ; c’est pourquoy il est proprement deu à ceux qui administrent et s’acquittent bien des grandes charges ; que les actions soyent tant que l’on voudra privement et communement bonnes et

  1. C’est ici que commence le texte qui a été substitué par Charron à l’article que nous avons placé en note, dans la précédente page, comme Variante.
  2. Le théâtre.