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DE LA SAGESSE,

chose honorée ; car non-seulement il n'entre point en elle, ne lui est point interne, ou essentiel, mais encores il ne la touche pas (estant le plus souvent ycelle morte ou absente et qui n'en sent rien) ; il s'arreste et demeure seulement au-dehors, à la porte, à son nom qui reçoit et porte tous les honneurs et deshonneurs, louanges et vituperes, d'où l'on est dict avoir bon nom ou mauvais nom. Tout le bien ou le mal que l'on peust dire de Cesar est porté par ce sien nom. Or le nom n'est rien de la nature et substance de la chose, c'est seulement son image qui la représente, sa marque qui la confronte et separe des autres, un sommaire qui la comprend en petit volume, l'enleve et l'emporte toute entiere, le moyen d'en


    Qu’elles soyent tant que l’on veust privement bonnes et utiles, elles auront l’approbation et bonne renommée parmy les cognoissans, la seureté et protection des loix, mais non l’honneur qui est public, et a plus de dignité, de splendeur et d’esclat (a).

    (a) Dans l'édition de 1601, on trouve à la fin du premier livre ; tout le texte de cette variante, précédé de cet avis : « cet article suivant avait été obmis au chapitre de l'honneur, qui est la cinquante-sixième après le premier article. » D'après cela, j'aurais inséré dans le texte même et après le premier article, comme l'indiquait Charron, tout ce que je mets ici comme variante. Mais je me suis aperçu que l'auteur avait rédigé autrement cet article pour l'édition qui parut en 1604, et l'avait placé au troisième alinéa, et non au second. C'est peut-être à ce troisième alinéa que j'aurais dû transporter cette variante : mais , en la laissant ici, je rappelle mieux quelle avait été la première intention de l'auteur.