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DE LA SAGESSE,

Dios, de mi [1], dit excellement le proverbe espagnol : nemo est ex imprudentibus qui sibi relinqui debeat : solitudo omnia mala persuqdet [2]. Mais pour quelque consideration privée ou particuliere, encore que bonne en soy (car souvent c’est lascheté, foiblesse d’esprit, despit ou autre passion), s’enfuyr et se cacher, ayant moyen de profiter à autruy, et secourir au public, c’est estre deserteur, ensevelir le talent, cacher la lumiere, faute subjecte à la rigueur du jugement.


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CHAPITRE LVII [3].

Comparaison de la vie menée en commun, et menée en proprieté.


SOMMAIRE. — La vie commune, c'est-à-dire celle dans laquelle on ne connaît aucun droit de propriété, ne peut convenir dans aucun état. Ses inconvéniens. — Tout ce qu'on pourrait admettre, ce serait de prendre ses repas en commun.

Exemples : Platon. — Les premiers Chrétiens. — Les républiques de Lacédémone et de Crète.

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AUCUNS ont pensé que la vie meinée en commun, en laquelle il n’y a poinct de mien et tien, mais où

  1. « Que Dieu me garde de moi ! »
  2. « Il ne faut livrer aucun imprudent à lui-même : la solitude donne toujours de pernicieux conseils  ». Sén. ép. 25.
  3. C'est le cinquante-unième chapitre de la première édition.