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LIVRE I, CHAPITRE LIV.

à la pharisaïque, inponunt onera gravia, et nolunt ea digito movere [1]. Ainsi font quelques medecins et theologiens : le monde vit ainsi, l'on instruit, l'on enjoinct de suivre certaines reigles et preceptes, et les hommes en tiennent d'autres, non-seulement par desreiglement de vie et de moeurs, mais souvent par opinion et jugement contraire

Encores une autre faulte pleine d'injustice, ils sont beaucoup plus scrupuleux, exacts et rigoureux aux choses libres et sacerdotales, qu'aux necessaires et substantielles, aux positives et humaines, qu'aux naturelles et divines, ressemblans à ceux qui veulent bien prester, mais non payer leur debtes, le tout à la pharisaïque, comme leur crie et reproche le grand docteur celeste : tout cela est hypocrisie et mocquerie.


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CHAPITRE LIV [2].

Peuple ou vulgaire.


SOMMAIRE. — Portrait effrayant du peuple, ou plutôt, comme l'auteur lui-même l'explique, de la tourbe et lie populaire. — Il le taxe d'être inconstant, crédule, sans jugement, envieux

  1. « Ils imposent de lourds fardeaux, et ne veulent pas seulement les remuer du doigt ». Saint Mathieu, chap. XXIII, v. 4.
  2. C'est le quarante-huitième de la première édition.