Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/447

Cette page n’a pas encore été corrigée
391
LIVRE I, CHAPITRE LII.


rain n'ont point la puisance de commander [1]. Comme les fleuves perdent leur nom et puissance à l’emboucheure de la mer, et les astres en la presence du soleil, ainsi toute la puissance des magistrats est tenue en souffrance en la presence du souverain [2] : comme aussi la puissance des magistrats inferieurs et subalternes en la presence des superieurs. Entre egaux il n’y a point de puissance ou de superiorité ; mais les uns peuvent empescher les autres par opposition et prevention.

Tous magistrats jugent, condamnent et commandent, ou selon la loy, et lors leur sentence n’est qu’execution de la loy, ou selon l’equité, et tel jugement s’appelle le debvoir du magistrat.

Les magistrats ne peuvent changer ny corriger leurs jugemens, si le souverain ne le permet, sur peine de fauls : ils peuvent bien revoquer leurs mandemens, ou les soutenir ; mais ils ne peuvent revoquer ce qu’ils ont jugé et prononcé avec cognoissance de cause.

Du debvoir des magistrats, voyez liv. III.

  1. Ceci, ainsi qu'une grande partie de ce petit chapitre, est copié mot pour mot dans Bodin, de la République, L. III.
  2. Plutarque nous apprend, dans la vie de Phocion, qu'à Athènes, dans les assemblées générales, les magistrats parlaient debout, tandis que le peuple restait assis ; et, à Rome, les faisceaux s'abaissaient devant le peuple assemblé.