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XLVIII
PRÉFACE


quis en cecy, et à la premiere nourriture, est briefvement dit en nostre troisiesme livre, chapitre XVI.

Le second moyen est en l’estude de la philosophie, je n’entends de toutes ses parties, mais de la morale (sans toutesfois oublier la naturelle) qui est la lampe, le guide, et la regle de nostre vie, qui explique et represente très bien la loy de nature, instruit l’homme universellement a tout, en public et en privé, seul, et en compagnie, à toute conversation domestique et civile, oste et retranche tout le sauvagin qui est en nous, adoucit et apprivoise le naturel rude, farouche et sauvage, le duict et façonne à la sagesse. Bref c’est la vraye science de l’homme ; tout le reste au pris d’elle, n’est que vanité, au moins non necessaire, ny beaucoup utile : car elle apprend à bien vivre, et bien mourir, qui est tout ; elle enseigne une preude prudence, une habile et forte preud’hommie, une probité bien advisée. Mais ce second moyen est presque aussi peu pratiqué, et mal employé que le premier : tous ne se soucient gueres de cette sagesse, tant ils sont attentifs à la mondaine. Voilà les deux moyens de parvenir et obtenir la sagesse, le naturel, et l’acquis. Qui a esté heureux au premier, c’est à dire, qui a esté favorablement estrené de nature, et est d’un temperament bon et doux, lequel pro-