Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée
380
DE LA SAGESSE,


che et un elephant. Au reste, outre les passions, defauts, et conditions naturelles, qu’ils ont communes avec le moindre de ceux qui les adorent, ils ont encore des vices et des incommodités que la grandeur et souveraineté leur apporte, dont ils leur sont peculiers [1].

Les mœurs ordinaires des grands sont orgueil indomptable :

... Durus et veri insolens,
Ad recta flecti regius non vult tumor[2].


Violence trop licentieuse :

Id esse regni maximum pignus putant,
Si quicquid aliia non licet, solis licet....
Quod non potest vult posse qui nimium potest[3].


Leur mot favori est : quod liber, licet [4]. Soupçon, ja-

  1. Montaigne décrit aussi, avec son énergie ordinaire, L. I, c. 42., toutes les incommodités auxquelles les rois sont soumis plus que les autres hommes.
  2. « L'orgueil des rois repousse durement la vérité, et dédaigne de suivre même les conseils les plus salutaires. » Sen. Hippolytus Act. I, sc. II, v. 135.
  3. « Ils pensent que le plus grand avantage de la royauté, est qu'il leur soit permis ce qui n'est pas permis aux autres... — Celui qui peut trop, veut pouvoir ce qu'il ne peut pas ». Sen. Agamemnon, act. II, sc. II, v. 271.— Idem Hyppolyctus, Act. I, sc. II, v. 214.
  4. « Ce qui plait est permis ». Spartian. Caracalla, vers la fin.