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DE LA SAGESSE,


sance souveraine est comparée au feu, à la mer, à la beste sauvage ; elle est très mal aisée à dompter et traicter, ne veust poinct estre desdite ny heurtée, et l’estant est très dangereuse : Potestas res est quæ moneri docerique non vult, et castigationem aegrè fort [1].

Ses marques et proprietés sont, juger en dernier ressort, ordonner de la paix et de la guerre, creer et destituer magistrats et officiers, donner graces et dispenses contre les loix, imposer tributs, ordonner des monnoyes, recevoir les hommages, ambassades, sermens ; mais tout revient et est compris soubs la puissance absolue de donner et faire la loy à son plaisir [2] : l’on en nomme encore d’autres legeres, comme

    celui qui promet ne peut avoir de consistance. Digest. L. XLV, tit. I. de Verbor. obligantionibus Leg. 108. — Charron a tout-à-fait détourné le sens de cette maxime, comme on peut le voir à l'endroit cité du Digest. Il en a même altéré le texte, que voici : nulla promissio (et non pas obligatio) potest consistere, quœ ex voluntate promittentis statum capit.

  1. « La puissance ne veut pas d'avertissemens, ni de leçons, et souffre difficilement le reproche et le blâme ». — J'ignore d'où cette réflexion est tirée.
  2. Péricles avait sur les droits de princes, une opinion bien différente : « je ne veux point, disait-il, que les ordonnances d'un prince portent le nom de loi, lorsqu'elles sont faites sans le consentement du peuple... ; et généralement, toute ordonnance faite sans le consentement de ceux qui doivent y obéir, est une violence plutôt qu'une loi ». Périclès, apud Xenophont. Lib. I, des Entretiens de Socrate.