Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/431

Cette page n’a pas encore été corrigée
375
LIVRE I, CHAPITRE LI.

vitude et estre esclaves volontaires, jouans, trocquans, vendans leur liberté, affin d’avoir leur nourriture et vie asseurée, ou mettre leurs enfans à leur aise. Outre ceste cause et ceste servitude volontaire, le monde est retourné à l’usage des esclaves, parce que les Chrestiens et Mahumetans se faisant la guerre sans cesse, et aux payens et gentils orientaux et occidentaux, bien qu’ à l’exemple des juifs n’ayent poinct d’esclaves de leur nation, ils en ont des autres nations, lesquelles, encore qu’ils se mettent de leur religion, les retiennent toutesfois esclaves par force.

La puissance et authorité des maistres sur leurs serviteurs n’est gueres grande ny imperieuse, et ne peust aucunement prejudicier à la liberté des serviteurs, mais seulement peuvent-ils les chastier et corriger avec discretion et moderation. Elle est encore moindre sur les mercenaires, sur lesquels ils n’ont aucun pouvoir ny correction.

Le debvoir des maistres et serviteurs est L. III, chap. XV.


*****************************************************************************

CHAPITRE LI.

De l’estat, souveraineté, souverains.


SOMMAIRE. — Définition et nécessité du gouvernement. —Définition de la souveraineté ; ses propriétés distinctives. — Des mœurs des souverains. — De leurs misères et contrariétés dans l'exercice de la souveraineté. Combien leur condition est désavantageuse, par rapport aux plaisirs