au laict nourricier, et premiere education, d’où
l’on est dit bien nay ou mal nay, c’est a dire bien
ou mal formé et disposé a la sagesse. L’on ne
croit pas combien ce commencement est puissant
et important, car si on le savoit, l’on y apporterait
autre soin et diligence que l’on ne fait.
C’est chose estrange et deplorable qu’une telle
nonchalance de la vie, et bonne vie de ceux que
nous voulons estre d’autres nous-mesmes. És
moindres affaires nous y apportons du soin, de
l’attention, du conseil : icy au plus grand et
noble, nous n’y pensons point, tout par hazard
et rencontre. Qui est celuy qui se remue, qui
consulte, qui se met en devoir de faire ce qui
est requis, de se garder et preparer comme il
faut, pour faire des enfans masles, sains, spirituels,
et propres à la sagesse ? Car ce qui sert a
l’une de ces choses, sert aux autres, et l’intention
de nature vise ensemble a tout cela. Or c’est
a quoy on pense le moins ; à peine pense-t-on
tout simplement a faire enfans , mais seulement,
comme bestes, d’assouvir son plaisir : c’est une
des plus remarquables et importantes fautes qui
soit en une republique, dont personne ne s’advise,
et ne se plaint, et n’y a aucune loy, reglement,
ou advis public là dessus. Il est certain que
si l’on s’y portoit comme il faut, nous aurions
d’autres hommes que nous n’avons. Ce qui est
re-
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XLVII
PRÉFACE.