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LIVRE I, CHAPITRE L.


mais qui se retourne mettre sus), si elle est comme monstrueuse et honteuse en la nature humaine, et qui ne se trouve point aux bestes, lesquelles ne courrent ny ne consentent à la captivité de leur semblables, ny activement ny passivement. La loy de Moyse l'a permis comme d'autres choses, ad duritiem cordis eorum [1], mais non telle qu'ailleurs ; car ny si grande et absolue, ny perpetuelle, ains moderée et bornée court à sept ans au plus [2] : la chestienne l'a laissée, l'a trouvant universelle par tout, comme aussi d'obeir aux princes et maistres idolastres, et telles autres choses, qui ne se pouvoient du premier coup et tout hautement esteindre ; mais facilement et tout doucement avec les a abolis.

Il y en en a de quatre sortes [3] ; naturels ; nés d’esclaves ; forcés et faicts par droict de guerre ; justes dicts de peine, à cause de crime ou de debte, dont ils sont esclaves de leurs creanciers, au plus sept ans, selon la loy des Juifs, mais tousjours jusques au payement ailleurs ; volontaires, qui sont de plusieurs sortes, comme ceux qui jouent à trois dés, ou vendent à prix d’argent leur liberté, comme jadis en Allemagne [4], et encore maintenant en la chrestienté mesme, ou

  1. « A cause de la dureté de leurs coeurs ». Exod. c. III, v.7.
  2. Voyez le Deutéronome, ch. XV, v. 12.
  3. Cette division des esclaves est prise ou plutôt copiée de Bodin, de la Républ. L. I.
  4. Tacit. de Morib. Germ. cap. 24.