Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée
360
DE LA SAGESSE,


qui s’accommodent facilement où ils se trouvent attachés. Et quant aux desbauches, elles viennent du desreiglement des mœurs, qu’aucune liberté n’arreste. Et de faict les adulteres se trouvent en la polygamie et repudiation ; tesmoin chez les juifs, et David, qui ne s’en garda, pour tant de femmes qu’il eust : et au contraire ont esté long-temps incogneus en des polices bien reiglées, où n’y avoit polygamie ny repudiation ; tesmoin Sparte et Rome long-temps après sa fondation. Il ne s’en faut donc pas prendre à la religion qui n’enseigne que toute netteté et continence.

La liberté de la polygamie, qui semble aucunement [1] naturelle [2], se porte diversement selon les diverses nations et polices. Aux unes, toutes les femmes à un mary vivent en commun, et sont en pareil degré et rang, et leurs enfans de mesme : ailleurs il y en a une qui est la principale et comme maistresse, et les enfans heritent aux biens, honneurs et titre du mary ; les autres femmes sont tenues à part, et portent en aucuns lieux titre de femmes legitimes, et ailleurs sont concubines, et leurs enfans pensionnaires seulement.

L’usage de la repudiation de mesme est different ; car chez aucuns, comme Hebreux, Grecs, Armeniens, l’on n’exprime point la cause de la separation ; et n’est

  1. En quelque sorte.
  2. Voyez Grotius, Droit de la Guerre. L. I, c. 2.