Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/413

Cette page n’a pas encore été corrigée
357
LIVRE I, CHAPITRE XLVIII.


mort, comme aux romains par la loy de Romulus [1] ; et le mary pouvoit tuer sa femme en quatre cas, adultere, supposition d’enfans, fausses clefs, et avoir beu du vin [2]. Aussi chez les grecs, dict Polybe, et les anciens gaulois, dict Cesar [3], la puissance maritale estoit sur la vie et la mort de la femme. Ailleurs, et la mesme despuis, ceste puissance a esté moderée : mais presque par-tout la puissance du mary et la subjection de la femme porte que le mary est maistre des actions et vœus de sa femme, la peust corriger de paroles et tenir aux ceps (la battre de coups [4] est indigne de femme d’honneur, dict la loy) ; et la femme est tenuë de tenir la condition, suyvre la qualité, le pays, la famille, le domicile et le rang du mary, doibt accompagner et suivre le mary par-tout, en voyage, en exil, en prison, errant, vagabond, fugitif [5] . Les exemples sont beaux de Sulpitia, suyvant son mary Lentulus, proscript et relegué en Sicile ; Ærithrée, son mary Pha-

  1. Plutartque, in vita Romuli, attribue cette loi à Romulus. Voy. Denys d'Italie. L. II.
  2. Voici le texte de la loi rapportée par les jurisconsultes : temulentem, uxorem, maritus, necato.
  3. De Belto Gallico. L. VI, cap. 18, et Polyb. L. II.
  4. Plutarque dit que Caton ne frappa jamais sa femme, tenant cela pour sacrilège. Plut. Vie de Caton le Censeur.
  5. Bodin cit toutes des lois des jurisconsultes sur cette matière. Presque tout ce qui dot ici Charron est tiré de cet auteur. Voyez sa République, L. I, c. 3.