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DE LA SAGESSE,


plus noble et plus riche, est subjecte au mary : ceste superiorité et inferiorité est naturelle, fondée sur la force et suffisance de l’un, foiblesse et insuffisance de l’autre. Les theologiens la fondent bien sur d’autres raisons tirées de la bible ; l’homme a esté faict le premier, de Dieu seul et immediatement, par exprès, pour Dieu son chef, et à son image, et parfaict ; car nature commence tousiours par chose parfaicte : la femme faicte en second lieu, après l’homme, de la substance de l’homme, par occasion et pour autre chose, mulier est vir occasionatus [1] , pour servir d’aide et de second à l’homme qui est son chef, et par ainsi imparfaicte. Voylà par l’ordre de la generation. Celuy de la corruption et de peché prouve le mesme : la femme a esté la premiere en prevarication, et de son chef a peché ; l’homme second, et à l’occasion de la femme ; la femme donc derniere au bien, et en la generation et occasionnée, premiere au mal, et occasion d’iceluy, est justement assubjectie à l’homme premier au bien et dernier au mal.

Ceste superiorité et puissance maritale a esté en aucuns lieux telle que la paternelle, sur la vie et la

  1. « La femme est homme par hasard », — Cette petite citation parait avoir été prise d'Aristote, L. II, de Generat animal. c. 3, non procul a fine. « La femme, y lit-on, est comme un homme imparfait ». Voici la traduction latine du grec : fœmina enim quasi lœsus est.