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LIVRE I, CHAPITRE XLVIII.


leur espoux [1] , alleguant, pour l’obtenir et y estre preferées, leur bon service, qu’elles estoient les mieux aymées, et ont eu de luy le dernier baiser, ont eu enfans de luy.


Et certamen habent lethi, quæ viva sequatur
Conjugium ; pudor est non licuisse mori.
Ardent victrices, et flammæ pectora præbent,
Imponuntque suis ora viris[2].


En autres lieux s’observoit, non par les loix publiques, mais par les pactes et conventions du mariage, comme fust entre Marc-Antoine et Cleopatra. Ceste equalité aussi consiste en la puissance qu’ils ont sur la famille en commun, dont la femme est dicte compagnonne du mary, dame de la maison et famille, comme le mary le maistre et seigneur : et leur authorité conjoincte sur toute la famille est comparée à l’aristocratie.

La distinction de superiorité et inferiorité consiste en ce que le mary a puissance sur la femme, et la femme est subjecte au mary : cecy est selon toutes loix et polices, mais plus ou moins selon la diversité d’icelles. Par-tout la femme, bien qu’elle soit beaucoup

  1. Voy. Cicéron, Tusculan. Quœst. L. V, no. 78.
  2. « Elles se disputent à qui mourra, à qui suivra vivante son époux sur le bûcher ; c'est une honte pour celle à qui il n'est pas permis de mourir. Celles qui l'emportent, se livrent elles-mêmes aux flammes, et collent leurs lèvres sur les restes brûlans de leurs maris ». Propert. L. III, élég. XIII, v. 19.