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XLV
PRÉFACE.


vuide ne se tenant a rien, en son pur et simple naturel, se regardant en un miroir, sa face joyeuse,

    sur vn Cube, les bras croisez, comme s’embrassant elle mesme, comme se tenant à soy, sur soy, en soy, contente de soy : Sur sa teste vn couronne de Laurier, et d’Oliuier, c’est victoire et paix : vne espace ou vuide à l’entour, qui signifie liberté : se regardant dedans vn miroir assez esloigné d’elle, soustenu d’une main sortant d’un nuage, dans la glacé duquel paroist vne autre femme semblable à elle : Car tousiours elle se regarde et se coguoist. A son costé droit ces mots, IE NE SÇAY, qui est sa devise ; Et au costé gauche ces autres mots : PAIX ET PEU, qui est la devise de l’Autheur signifiée par vne raue mise en pal, entortillée d’un rameau d’Oliuier, et enuironnée de deux branches de Laurier en Ouale.

    « Au dessoubs, y a quatre petites femmes, laides, cbetiues, ridées, enchaisnées, et leurs chaisnes se rendent et aboutissent au Cube qui est soubs les pieds de la Sagesse, qui les mesprise, condamne et foule aux pieds, desquelles deux sont du costé droict de l’inscription du liure, sçauoir Passion et Opinion. La Passion, maigre, au visage tout altéré : l’Opinion, aux yeux esgarez, volage, estourdie, soustenue par nombre de personnes, c’est le Peuple. Les deux autres sont de l’autre costé de l’inscription : sçauoir, Superstition, au visage transi, joignant les mains comme vne seruante qui tremble de peur, Et la Science, vertu ou preud’hommie artificielle, acquise, pedantesque, serue des loix et coustumes, au visage enflé, glorieux, arrogant, auec les sourcils releuez, qui lit en vn liure où y a escrit, OUY, NON, Cette figure est aussi expliquée par le Sonet suiuant.

    SONET.

    La Sagesse est à nud, droicte et sans artifice,
    D’Oliue et de Laurier son chef est verdoyant.