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DE LA SAGESSE,


vaquer à l’estude de sagesse et de vertu, leur dessein fut bientost rompu et interverty par les femmes de ceux qui en avoient ; et a dict aussi un sage, que si les hommes se pouvoient passer de femmes, qu’ils seroient visités et accompagnés des anges [1].

Plus, le mariage empesche de voyager parmy le monde et les estrangers, soit pour apprendre à se faire sage, ou pour enseigner les autres à l’estre, et publier ce que l’on sçait : bref le mariage non seulement apoltronit ou accroupit les bons et grands esprits, mais prive le public de plusieurs belles et grandes choses, qui ne peuvent s’exploicter demeurant au sein et au gyron d’une femme et autour des petits enfans [2]. Mais ne faict-il pas beau voir, et n’est-ce pas grand dommage, que celuy qui est capable de gouverner et policer tout un monde, s’amuse à conduire une femme et des enfans ? Dont respondit un grand personnage, quand l’on luy parla de se marier, qu’il estoit né pour commander aux hommes et non à une femmelette, pour conseiller et gouverner les roys et princes, et non pas de petits enfans.

  1. Ce mot rappelle celui du Pythagoricien Clinias, qui disait qu'il ne fallait habiter avec les femmes que lorsqu'on voulait devenir père. Voyez Plutarque, Symposiaq. L. III, Quœst. 6.
  2. C'est à-peu-près la maxime de cet ancien qui disait : astrictus nuptiis, non amplius liber est. Hippothous, apud Stobœum, serm. LXVI.