Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée
XLIV
PRÉFACE


soubs quelque pretexte que ce soit, suivant plustost l’opinion ou la passion, que la raison, qui bransle au manche, trouble, inquiété, mal content, craignant la mort, n’est point sage. Voicy en peu de mots la peinture de sagesse et de folie humaine, et le sommaire de ce que je pretends traitter en cet œuvre, spetialement au second livre, qui par exprés contient les regles, traits et offices de sagesse, qui est plus mien que les deux autres, et que j’ai pensé une fois produire seul. Cette peinture verbale de sagesse est oculairement représentée sur la porte et au frontispice de ce livre [1], par une femme toute nue en un

  1. Dans l’édition de 1604, dans celles des Elzévirs , et dans quelques autres, on voit, au frontispice, la figure que Charron décrit. Nous n’avons pas cru devoir la faire copier. C’est une estampe allégorique assez mal composée : l’explication qu’en donne ici Charron, offre beaucoup plus d’intérêt que l’estampe, qui même n’aura sans doute été exécutée qu’après sa mort, et d’après la peinture verbale que d’avance il en faisait ici. Dans les éditions des Elzévirs , on trouve, à la suite de la préface, une explication encore plus détaillée. Quoique, très probablement elle ne soit point sortie de la plume de Charron, nous la rapporterons comme variante.
    EXPLICATION DE LA GRAVURE.
    « Tout au plus haut, et sur l’inscription du liure, la Sagesse est représentée par une belle femme, toute nuë, sans que ses hontes paroissent, quasi non essent, en son simple naturel, quia puram naluram sequitur, au visage sain, masle, joyeux, riant, regard fort et magistral : corps droit, les pieds joints,