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LIVRE I, CHAPITRE XLIV.


les hommes et femmes se baignent ensemble avec les estrangers. En midy, la polygamie est par-tout receue. Toute l’Afrique adore Venus [1], dict Solinus. Les meridionaux meurent de jalousie, à cause de quoy ils ont les eunuques gardiens de leurs femmes, que les grands seigneurs ont en grand nombre comme des haras [2].

Quant à la cruauté, les extremités sont semblables, mais pour diverses causes, comme se verra tantost aux causes : les punitions de la roue, et les empalemens des vifs, venus de septentrion [3] ; les inhumanités des Moscovites et Tartares sont toutes notoires. Les allemans, dict Tacite [4], ne punissent les coupables juridiquement, mais les tuent cruellement comme ennemis. Ceux de midy aussi escorchent tout vifs les criminels ; et leur appetit de vengeance est si grand, qu’ils en deviennent furieux s’ils ne l’assouvissent. Au milieu sont benins et humains. Les romains punissoient les plus grands crimes du bannissement simple ; les grecs usoient de breuvage doux de ciguë pour faire mourir les condamnez. Et Ciceron dict [5]

  1. Ante omnes barbaros, dit Tite-Live, Numidoe in Verem effusti.
  2. Voyez Hérodote, L. III, Diodore de Sicile, L. II, et Joseph, Antiq. Judaïq. L. IV.
  3. Bodin, L. V, c. I.
  4. De Mor. Germ. cap. 25 .
  5. Epistola prima ad Q. fratrem.