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LIVRE I, CHAPITRE XLIV.


tagne du costé de septentrion rendra la vallée qui sera vers le midy toute meridionale, et au contraire aussi.

Quant à celles de l’esprit, nous sçavons que les arts mecaniques et ouvrages de main sont de septentrion, où ils sont penibles : les sciences speculatives sont venues du midy. Cesar [1] et les anciens appellent les Egyptiens très ingenieux et subtils. Moyse est dict instruict en leur sagesse [2] ; la philosophie est venue de là en Grece ; la majorité commence plustost chez eux, à cause de l’esprit et finesse : les gardes des princes, mesme meridionaux, sont de septentrion, comme ayant plus de force et moins de finesse et de malice : ainsi les meridionaux sont subjects à grandes vertus et grands vices, comme il est dict d’Annibal [3] : les septentrionaux ont la bonté et simplicité. Les sciences moyennes et mixtes, politiques, loix et eloquence, sont aux nations mitoyennes, ausquelles ont fleury les grands empires et polices.

Pour le troisiesme poinct, les religions sont venuës du midy, Aegypte, Arabie, Chaldée, plus de superstition en Afrique qu’au reste du monde ; tesmoin les vœux tant frequens, les temples tant magnifiques. Les septentrionaux, dict Cesar [4], peu soucieux de religion, sont attentifs à la guerre et à la chasse.

  1. César, de Bello civili, L. III
  2. Voyez, Actes des Apôtres, ch. VII, v.22.
  3. Voyez dans Tite-Live, l'éloge d'Annibal.
  4. César, de Bello Gallico, L. VI. c. 20 .