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LIVRE I, CHAPITRE XLII.


vice est propre aux dogmatistes et à ceux qui veulent gouverner et donner loy au monde. Or, pour venir à bout de cecy et captiver les creances à soy, ils usent de deux moyens. Par le premier ils introduisent des propositions generalles et fondamentales, qu’ils appellent principes et presuppositions, desquelles ils enseignent n’estre permis de doubter ou disputer, sur lesquelles ils bastissent après tout ce qui leur plaist, et meinent le monde à leur poste ; qui est une piperie, par laquelle le monde se remplist d’erreurs et de mensonges. Et de faict, si l’on vient à examiner ces principes, l’on y trouvera de la faulseté et de la foiblesse autant ou plus qu’en tout ce qu’ils en veulent tirer et despendre, et se trouvera tousjours autant d’apparence aux propositions contraires.

Il y en a de nostre temps qui ont changé et renversé les principes et reigles des anciens en l’astrologie, en la medecine, en la geometrie, en la nature et mouvement des vents [1] Toute proposition humaine a autant d’authorité que l’autre, si la raison n’en faict la difference. La verité ne despend point de l’authorité ou tesmoignage d’homme : il n’y a point de principes aux hommes si la divinité ne les leur a re-

    sécutions auquelles il ne cessa d'être en butte; dès qu'il eût publié son livre.

  1. On lit en marge de cette phrase, dans l'édition de 1604, Copernicus, Paracelsus ; ce qui prouve que c'est de Copernic et de Paracelse que Charron veut parler ici.