philosophique, telle que ce livre enseigne, est
toute gaye, libre, joyeuse, relevée, et s’il faut
dire, enjouée, mais cependant bien forte, noble, genereuse et rare. Certes les philosophes ont
esté excellons en cette part, non seulement a la
traitter et enseigner, mais encores à la presenter
vivement et richement en leurs vies nobles et
héroïques. J’entends ici philosophes et sages,
non seulement ceux qui ont porté le nom de sages,
comme Thales, Solon, et les autres qui ont
esté d’une volée, et du temps de Cyrus, Cresus,
Pisistratus : ny aussi ceux qui sont venus après,
et ont enseigné en public, comme Pythagoras,
Socrates, Platon, Aristote, Aristippe, Zenon,
Antisthenes, tous chefs de part, et tant d’autres
leurs disciples, differents et divisés en sectes ;
mais aussy tous ces grands hommes qui faisoient
profession singuliere et exemplaire de vertu et
sagesse, comme Phocion, Aristides, Pericles,
Alexandre, que Plutarque appelle philosophe
aussy bien que roy, Epaminondas, et tant d’autres
Grecs : les Fabrices, Fabies, Camilles, Catons,
Torquates, Regules, Lelies, Scipions, romains,
qui pour la plus part ont esté generaux
d’armées. Pour ces raisons je suy et employé en
mon livre plus volontiers, et ordinairement les
advis et dires des philosophes, sans toutesfois obmettre
ou rejetter ceux des theologiens : car aussi
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XLI
PRÉFACE.