sa suffisance le vray et le fauls des choses ; ce
qui est requis pour ainsi et avec telle fierté et
asseurance resouldre et definir d’icelles. Car
voicy leur jargon : cela est fauls, impossible,
absurde. Et combien y a-t-il de choses, lesquelles
pour un temps nous avons rejettées
avec risée comme impossibles, que nous avons
esté contraincts d’advouer après, et encore passer
outre à d’autres plus estranges ! Et au rebours
combien d’autres nous ont esté comme
articles de foy, et puis vaines mensonges !
La seconde, qui suit et vient ordinairement de ceste premiere, est d’affirmer ou reprouver certainement et opiniastrement ce que l’on a legerement creu ou mescreu. Ce second degré adjouste au premier opiniastreté, et ainsi accroist la presomption. Ceste facilité de croire avec le temps s’endurcist et degenere en opiniastreté invincible et incapable d’amendement ; voire l’on va jusques là, que souvent l’on soustient plus les choses que l’on sçait et que l’on entend moins : majorem fidem homines adhibent iis quæ non intelligent... cupidate humani ingenii lubentiùs obscura credentur [1] :
- ↑
« Les hommes ont une plus grande foi dans les choses qu'ils ne comprennent pas... L'envie de savoir, propre à l'esprit humain, lui fait croire plus volontiers les choses obscures ». Tacit. Hist. L. I, C. 22.
- Lucrèce a dit la même chose en beaux vers :
- Omnia enim stolidi magis admirantur, amantque
- Inversis quœ sub latitantia cernunt, etc.
- De Rer. Natur. L. I, v. 641.
- Lucrèce a dit la même chose en beaux vers :