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LIVRE I, CHAPITRE XLII.


son en pourroit dire autant, et peust-estre plus justement et constamment. Car l’homme, qui reçoit aussi souvent des incommodités de là haut, et n’a rien de tout cela en sa puissance ny en son intelligence, et ne les peust deviner, est en perpetuelle transse, fiebvre et crainte que ces corps superieurs ne branslent pas bien à propos et à poinct nommé pour luy, et qu’ils luy causent sterilité, maladies, et toutes choses contraires ; tremble soubs le fais : où les bestes reçoivent tout ce qui vient d’en haut, sans allarme ny apprehension de ce qui adviendra, et sans plainte de ce qui est advenu, comme faict incessamment l’homme : Non nos causa mundo sumus hyemem æstatemque referendi  : suas ista leges habent, quibus divina exercentur nimis nos suspicimus, si digni nobis videmur, propter quos tanta moveantur ; — non tanto cælo nobiscum societas est, ut nostro fato sit ille quoque siderum fulgor [1].

Pour le regard des choses basses, terrestres, sçavoir tous animaux, il les desdaigne et desestime

  1. « Nous ne sommes pas la cause pour laquelle l'hiver et l'été se succèdent chaque année ; ces saisons obéissent à des lois dans lesquelles la puissance divine s'exerce et se manifeste ; nous avons une trop haute opinion de nous-mêmes, et de notre dignité, si nous croyons que c'est pour nous que de si grands mouvemens se font dans le monde ; — il n'y a pas entre les astres et nous une si grande union, pour que les astres n'y brillent que pour notre avantage ». Sen. de Ira, L. II, C. 27. — Plin. Hist. Nat. L. II, C. 8.