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LIVRE I, CHAPITRE XLI.


et touché au vif de ces maux-là, il y a peu d’esperance de sa convalescence. Qu’y a-il de plus inepte, et ensemble de plus testu, que ces gens-là ? Deux choses les empeschent, comme a esté dict, foiblesse et incapacité naturelle, et puis l’opinion anticipée de faire bien et mieux que les autres. Je ne fais icy que les nommer et monstrer au doigt, car après en leurs lieux icy cottés [1] leur faute sera monstrée.

Les superstitieux [2], injurieux à Dieu, et ennemis de la vraye religion, se couvrent de pieté, zele, et affection envers Dieu, jusques à s’y peiner et tourmenter plus que l’on ne leur commande, pensant meriter beaucoup, et que Dieu leur en sçait gré, voire leur doibt de reste ; que feriez-vous à cela ? Si vous leur dictes qu’ils excedent et prennent les choses à gauche, pour ne les entendre pas bien, ils n’en croiront rien, disant que leur intention est bonne (par où ils se pensent sauver) et que c’est par devotion. D’ailleurs ils ne veulent pas quitter leur gain, ny la satisfaction qu’ils en reçoivent, qui est d’obliger Dieu à eux.

Les formalistes [3] s’attachent tout aux formes et au

  1. On voit, en effet, dans les première et seconde éditions, en marge des alinéas suivans des renvois aux livres et chapitres de la Sagesse, où Charron traite plus en détail les sujets qu'il ne fait qu'indiquer. Ces renvois marginaux se trouveront ici en note en bas des pages.
  2. Voyez le ch. V du Liv. II de la Sagesse.
  3. Voyez les ch. II et III du Liv. II.