tarque
[1] ;
les autres encore plus sottement à l’ambition.
C’est une grande maladie de jugement, qui
vient ou de malice et corruption de volonté et
de mœurs, ou d’envie contre ceux qui valent
mieux qu’eux, ou de ce vice de ramener sa
creance à sa portée, et mesurer autruy à son
pied, ou bien plustost que tout cela, à foiblesse
pour n’avoir pas la veuë assez forte et
asseurée à concevoir la splendeur de la vertu
en sa pureté nayfve. Il y en a qui font les
ingenieux et subtils à despraver ainsi et obscurcir
la gloire des belles actions ; en quoy ils
monstrent beaucoup plus de mauvais naturel,
que de suffisance ; c’est chose aisée, mais fort
vilaine.
14. Descrier et chastier tant rigoureusement et honteusement certains vices, comme crimes extremememnt vilains et puans, qui ne sont toutesfois que mediocres, et ont leur racine et leur excuse en la nature ; et d'autres vrayment extremes et contre nature, comme la meurtre pourpensé [2], la trahison et perfidie, ne les avoir à si grande honte, ny les chastier avec tant de haro [3].
15. Voyci encore après tout un vray tesmoignage de la misere spirituelle, mais qui est fin et subtil ; c’est que l’esprit humain en son bon sens, paisible,