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LIVRE I, CHAPITRE XLI.


tarque [1] ; les autres encore plus sottement à l’ambition. C’est une grande maladie de jugement, qui vient ou de malice et corruption de volonté et de mœurs, ou d’envie contre ceux qui valent mieux qu’eux, ou de ce vice de ramener sa creance à sa portée, et mesurer autruy à son pied, ou bien plustost que tout cela, à foiblesse pour n’avoir pas la veuë assez forte et asseurée à concevoir la splendeur de la vertu en sa pureté nayfve. Il y en a qui font les ingenieux et subtils à despraver ainsi et obscurcir la gloire des belles actions ; en quoy ils monstrent beaucoup plus de mauvais naturel, que de suffisance ; c’est chose aisée, mais fort vilaine.

14. Descrier et chastier tant rigoureusement et honteusement certains vices, comme crimes extremememnt vilains et puans, qui ne sont toutesfois que mediocres, et ont leur racine et leur excuse en la nature ; et d'autres vrayment extremes et contre nature, comme la meurtre pourpensé [2], la trahison et perfidie, ne les avoir à si grande honte, ny les chastier avec tant de haro [3].

15. Voyci encore après tout un vray tesmoignage de la misere spirituelle, mais qui est fin et subtil ; c’est que l’esprit humain en son bon sens, paisible,

  1. Voyez Plutarque : de la Malignité d'Hérodote.
  2. Prémédité.
  3. Tant de clameurs.