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XXXVIII
PRÉFACE


ment, c’est son souverain bien et sa perfection, c’est la première et plus haute des cinq vertus intellectuelles [1], qui peut estre sans probité, action, et sans aucune vertu, morale. Les théologiens ne la font pas du tout tant speculative, qu’elle ne soit aussi aucunement pratique : car ils disent que c’est la cognoissance des choses divines, par lesquelles se tire un jugement et reiglement des actions humaines, et la font double : l’une acquise par estude, et a peu prés celle des philosophes que je viens de dire : l’autre, infuse et donnée de Dieu, desursùm descendens. C’est le premier des sept dons du Sainct Esprit, Spiritus Dominé Spiritus sapientiœ, qui ne se trouve qu’aux justes et nets de peché, in malevolam animant non introibit sapientia [2]. De cette sagesse divine n’entendons aussi parler icy, elle est en certain sens et mesure traittée en ma premiere verité, et en mes discours de la divinité.

Parquoy s’ensuit que c’est de l’humaine sagesse que nostre livre traitte, et dont il porte le nom, de laquelle il faut icy avoir une briefve et generale peinture, qui soit comme l’argument et le sommaire de tout cet œuvre. Les descriptions communes sont diverses et toutes courtes. Au-

  1. Voyez St. Thomas, I quest. 57, 2 quest. 2, 19.
  2. « La sagesse n’entrera point dans un ame malveillante ». La Sagesse, chap. I, v. 4.