et desagreables en conversation,
et tendres au mal, au cas qu’il faille
changer de maniere de faire. C’est aussi honte
de n’oser ou laisser par impuissance à faire ce
que l’on voit faire à ses compagnons. Il faut
que telles gens s’aillent cacher et vivre en leur
foyer : la plus belle façon est d’estre souple et
ployable à tout, et à l’excez mesme si besoin
est, pouvoir oser et sçavoir faire toutes choses,
et ne faire que les bonnes. Il faict bon prendre
des reigles, mais non s’y asservir.
Il semble appartenir à foiblesse, et estre une grande sottise populaire, de courir après les exemples estrangers et scholastiques, après les allegations, ne faire estat que des tesmoignages imprimez, ne croire les hommes, s’ils ne sont en livre, ny verité si elle n’est vieille. Selon cela les sottises, si elles sont en moule [1], elles sont en credit et en dignité. Or il se faict tous les jours devant nous des choses, que si nous avions l’esprit et la suffisance de les bien recueillir, esplucher, juger vifvement, et trouver leur jour, nous en formerions des miracles et merveilleux exemples, qui ne cedent en rien à ceux du temps passé, que nous admirons tant, et les admirons pource qu’ils sont vieux et sont escripts.
Encore un tesmoignage de foiblesse est que l’homme n’est capable que des choses mediocres, et ne peust
- ↑ C'est-à-dire, moulées, imprimées.