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LIVRE I, CHAPITRE XXXIX.


rent in spiritu et veritate [1]. Et certes c’est un des plus beaux effects et fruicts de la chrêstienté après l’abolition des idoles. Dont Julien l’Empereur son ennemi, capital, comme en despit d’elle en faisoit plus que jamais autre n’en fist au monde , taschant de les remettre sus avec l’idolatrie. Parquoy laissons les là, voyons les autres pièces principales de la religion. Les sacremens en matière vile et commune de pain, vin, huile, eau, et en action externe de mesmes, ne sont-ce pas tesmoignages de nostre pouvreté et bassesse ? La penitence, remede universel à nos maladies, est chose de soy toute honteuse, foible, voire mauvaise, car le repentir, la tristesse, et affliction d’esprit est mal. Le jurement qu’est-ce qu’un symptome et marque honteuse de la méfiance, infidélité, ignorance, impuissance humaine , et en celuy qui l’exige, et en cèluy qui le rend, et, en celuy qui l’ordonne, quod amplius est, a malo est [2]. Voilà comment la religion guarit et remedie à nos maux par moyens non-seulement petits et foibles, ainsi le requerant nostre foiblesse, stulta et infirma mundi elegit Deus [3] : mais qui ne sont aucunement de valeur, ny sont bons

  1. « Le père ne cherche pas de tels serviteurs, mais des serviteurs qui l’adorent en esprit et en vérité ».
  2. « Et ajoutez à cela qu’il a sa source dans la mauvaise foi ».
  3. « Dieu a choisi ce qu’il y a d’insensé et de faible selon le monde ». Ire. Ep. de S. Paul aux Corinth. chap. I, v. 27.