plus à la verité, soit-elle eternelle et divine, ou temporelle et humaine : celle-là l'estonne par son esclair, l'atterre par son esclat, comme la vive clarté du soleil, l'œil foible du hibou : et qu'il s'opiniastre, il succombera accablé, qui scrutator est majestatis,
opprimetur a gloria
[1] ;
tellement que pour luy en donner quelque air et quelque goust, il la luy faut desguiser, temperer, et couvrir de quelque ombrage. Celle-cy, l'humaine le blesse, et qui la luy presente est souvent tenu pour ennemy, veritas odium parit
[2].
C'est chose estrange, l'homme desire naturellment sçavoir la verité, et pour y parvenir, remue toutes choses, neantmoins il n'y peust parvenir : si elle se presente, il ne la peust comprendre ;s'il ne la comprend, il s'en offense : ce n'est pas de sa faute, car elle est très belle, aimable, coignoissable, mais c'est la foiblesse humaine qui ne peust recevoir une telle splendeur. L'homme est fort à desirer, et foible à prendre et à tenir. Les deux principaux moyens qu’il employe pour parvenir à la cognoissance de la verité, sont la raison et l'ex-
- ↑ « Celui qui ose scruter la majesté de Dieu, sera accablé de sa gloire ».
- ↑ Ce passage est traduit dans la note de la dernière variante.
pour ennemy, veritas odium parit (a). C’est acte d’hostilité que de luy monstrer ce qu’il ayme et cherche tant. L’homme est fort à desirer, et foible à recevoir. Ibid.
(a) « La vérité engendre la haine ».