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XXXV
PRÉFACE.


c’est à dire suffisant, prudent, advisé : non simplement et populairement, mais excellemment. Parquoy s’oppose a la sagesse, non seulement la folie, qui est un desreglement et desbauche ; et la sagesse est un règlement bien mesure et proportionné : mais encores la bassesse et simplicité commune et populaire ; car la sagesse est relevée, forte et excellente : ainsi sagesse, soit en bien ou en mal, comprend deux choses ; suffisance, c’est la provision et garniture de tout ce qui est requis


    drant, ou dogmatisant, ne m'assujettissant scrupuleusement à leurs formes, regles, style, ains usois de la liberté académique et philosophique. La foiblesse populaire, et délicatesse féminine, qui s’offense de cette hardiesse et liberté de paroles, est indigne d’entendre chose qui vaille. A la suite de cecy, je dis encores que je traitte et agis icy non pedantesquement, selon les réglés ordinaires de l’eschole, ny avec estendue de discours, et appareil d’eloquence, ou aucun artifice. La sagesse, quœ si oculis ipsis cerneretur, mirabiles excitaret arnores sui, n’a que faire de toutes ces façons pour sa recommandation , elle est trop noble et glorieuse ; les verites et propositions y sont espesses, mais souvent toutes seches et crues, comme aphorismes ; ouvertures et semences de discours. J’y ay parsemé des sentences latines, mais courtes, fortes et poétiques, tirées de très bonne part, et qui n’interrompent, ny ne troublent le fil du texte françois. Car je n’ay pu encores estre induict à trouver meilleur de tourner toutes telles allégations, en françois (comme aucuns veulent) avec tel dechet et perte de la grâce et energie qu’elles ont en leur naturel et original, qui ne se peut jamais bien représenter en autre langage.