autre que foible et fresle ? Ceste
foiblesse est bien confessée et advouée de tous,
qui en comptent plusieurs choses aisées à
appercevoir de tous : mais n’est pas remarquée
telle, ny es
[1] choses qu’il faut, comme sont
celles où il semble estre plus fort et moins foible,
au desir, au jouir, et user des choses qu’il
a et qu’il tient, à tout bien et mal ; bref, celles
où il se glorifie, en quoy il pense se prevaloir
et estre quelque chose, sont les vrays tesmoins
de sa foiblesse. Voyons cecy mieux par le
menu.
Premierement au desirer, l’homme ne peust asseoir son contentement en aucune chose, et par desir mesme et imagination. Il est hors nostre puissance de choisir ce qu’il nous faut, quoy que nous ayons desiré, et qu’il nous advienne ; il ne nous satisfaict point, et allons beants [2] après les choses incognues et advenir, [3] d’autant que les presentes ne nous saoulent point, et estimons plus les absentes. Que l’on baille à l’homme la carte blanche ; que l’on le mette à mesme de choisir, tailler et prescrire, il est hors de sa puissance de le faire tellement, qu’il ne s’en desdise bientost, en quoy il ne trouve à redire, et ne vueille adjouster, oster, ou changer ; il desire ce qu'il