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LIVRE I, CHAPITRE XXXVIII.


de Cesar troubla plus Rome que ne fit sa mort et les vingt et deux coups de poignard qui luy furent donnés.

Finalement la couronne et la perfection de la vanité de l’homme se monstre en ce qu’il cherche, se plaist, et met sa felicité en des biens vains et frivoles, sans lesquels il peust bien et commodement vivre : il ne se soucie pas, comme il faut, des vrays et essentiels. Son cas n’est que vent ; tout son bien n’est qu’en opinion et en songe ; il n’y a rien de pareil ailleurs. Dieu a tous biens en essence, et les maux en intelligence ; l’homme au contraire possede ses biens par fantasie, et les maux en essence. Les bestes ne se contentent, ny ne se paissent d’opinions et de fantasies, mais de ce qui est present, palpable et en verité. La vanité a esté donnée à l’homme en partage : il court, il bruict, il meurt, il fuit, il chasse, il prend une ombre, il adore le vent, un festu est le gaing de son jour. Vanitati creatura subjecta est etiam nolens ;universa vanitas omnis homo vivens [1].

  1. « La créature est sujette à la vanité, même sans le vouloir ; — tout homme vivant n'est que vanité ». Paul ad Rom. cap VIII. 20. — Psalm. cap XXXVIII, 6.