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LIVRE I, CHAPITRE XXXVIII.

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CHAPITRE XXXVIII [1].

I. Vanité.


SOMMAIRE — Dans l'espèce humaine tout est vanité : peut-être vaut-il mieux rire de ses défauts que de s'en affliger. — Combien il y a de vanité dans nos pensées, nos désirs, nos discours, nos actions. — Exemples et preuves de ces diverses vanités. Nos actions les plus ordinaires, de même que celles que nous croyons importantes, sont également vaines et frivoles.

Exemples : Démocrite et Héraclite. — Diogène et Timon. Stalilius. — Les guerres de Troie, de la Grèce, de Sylla et Marius, de César, de Pompée, d'Auguste et d'Antoine.

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LA vanité est la plus essentielle et propre qualité de l’humaine nature. Il n’y a point d’autre chose en l’homme, soit malice, malheur, inconstance, irresolution (et de tout cela y en a tousjours à foison) tant comme de vile inanité, sottise, et ridicule vanité. Dont rencontroit mieux Democrite se riant et mocquant par desdain de l’humaine condition, qu’Heraclite qui pleuroit et s’en donnoit peine, par où il tesmoignoit d’en faire compte et estime ; et Diogenes qui donnoit

  1. C'est le troisième chapitre de la première édition.