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DE LA SAGESSE,


descrire entier et en bloc. Aucuns rapportent au corps tout ce que l’on peust dire de mauvais de l’homme ; le font excellent et l’eslevent par dessus tout pour le regard de l’esprit : mais au contraire tout ce qu’il y a de mal, non-seulement en l’homme, mais au monde, est forgé et produict par l’esprit : et y a bien plus de vanité, inconstance, misere, presomption en l’esprit, qu’au corps ; auquel peu de chose est reprochable au prix de l’esprit : dont Democrite appelle cet esprit un monde caché de miseres ; et Plutarque le prouve bien par un livre exprès [1] , et de ce subject. Or ceste premiere generale consideration de l’homme, qui est en soy et en gros, sera en ces cinq poincts ; vanité, foiblesse, inconstance, misere, presomption, qui sont ses plus naturelles et universelles qualités : mais les deux dernieres le touchent plus au vif [2]. Au reste il y a des choses communes à plusieurs de ces cinq, que l’on ne sçait bien à laquelle l’attribuer plustost, et specialement la foiblesse et la misere.

  1. Dans son traité : « Si des maladies de l'esprit sont plus grandes que celles du corps ».
  2. Variante. Or nous considerons icy l'homme plus au vif, que nous n'avons encore faict, et le pincerons où il ne demangeoit pas, et rapporterons tout à ces cinq poincts ; vanité, foiblesse, inconstance ; etc.