emportées par le vent, orde
[1] semence en son commencement,
esponge d’ordures, et sac de miseres en son
milieu, puantise et viande de vers en sa fin,
bref la plus calamiteuse et miserable chose du
monde. Job, un des plus suffisans
[2] en ceste matiere, tant en theorique qu’en practique, l’a fort au long depeinct, et après luy Salomon, en leurs livres. Pline, pour estre court, semble
l’avoir bien proprement representé, le disant
estre le plus miserable, et ensemble le plus
orgueilleux de tout ce qui est au monde, solum ut certum sit nihil esse certi, nec miserus quicquam homine aut superbus
[3].
Par le premier mot (de miserable) il comprend toutes
ces precedentes peinctures, et tout ce que les
autres ont dict : mais en l’autre (le plus
orgueilleux) il touche un autre grand chef bien
important, et semble en ces deux mots avoir
tout dict. Ce sont deux choses qui semblent
bien se heurter et s’empescher que misere et
orgueil, vanité et presomption : voilà une estrange
et monstreuse cousture que l’homme.
D’autant que l’homme est composé de deux pieces fort diverses, esprit et corps, il est malaisé de le bien