guement accoustumé,
accommodé, et comme accoquiné à ce monde,
dont il l’ayme tant ; ce qui n’est aux jeunes.
Outre ceux-ci
[1]
il y a envie, malignité, injustice.
Mais ce qu’il y a de plus sot et ridicule
en elle, est qu’elle se veust faire craindre et
redouter, et pour ce tient-elle une morgue
austere et desdaigneuse, pensant par là extorquer
crainte et obeissance : mais elle se
faict mocquer d’elle ; car ceste mine fiere et
tyrannique est receue avec mocquerie et risée
de la jeunesse, qui s’exerce à l’affiner
[2]
et l’amuser, et par dessein et complot luy celer et
desguiser la verité des choses. Il y a tant de fautes
d’une part en la vieillesse, et tant d’impuissance
de l’autre, et est si propre au mespris
que le meilleur acquest qu’elle puisse faire,
c’est d’affection et amitié ; car le commandement
et la crainte ne sont plus ses armes. Il
luy sied tant mal de se faire craindre : et, quand
elle le pourroit, encore doibt-elle plustost se
faire aymer et honorer.
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LIVRE I, CHAPITRE XXXVI.