de tous costés ; il n’y a
que mal qui coule, que mal qui se prepare,
et le mal pousse le mal, comme la vague pousse
l’autre ; la peine est tousjours presente, et
l’ombre de bien nous deçoit ; la bestise et
l’aveuglement possede le commencement de la
vie ; le milieu est tout en peine et travail, la
fin en douleur, mais toute entiere en erreur.
La vie humaine a ses incommodités et miseres communes, ordinaires et perpetuelles : elle en a aussi de particulieres et distinctes, selon que ses parties, aage et saisons, sont differentes ; enfance, jeunesse, virilité, vieillesse, chascune a ses propres et particulieres tares [1].
La pluspart du monde parle plus honorablement et favorablement de la vieillesse, comme plus sage, meure, moderée, pour accuser et faire rougir la jeunesse comme vicieuse, fole, desbauchée : mais c’est injustement ; car, à la verité, les defauts et vices de la vieillesse sont en plus grand nombre, et plus grands et importuns que de la jeunesse ; elle nous attache encore plus de rides en l’esprit qu’au visage, et ne se voit point d’ames qui, en vieillissant, ne sentent l’aigre et le moisi : avec le corps l’esprit s’use et s’empire, et vient enfin en enfantillage : bis pueri senes [2]. La vieillesse est une maladie necessaire et puissante, qui