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LIVRE I, CHAPITRE XXXIII.
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CHAPITRE XXXIII [1].

Compassion.


SOMMAIRE. — La compassion est louable ou blâmable, selon les circonstances ; louable lorsqu'elle nous porte à secourir les affligés ; blâmable lorsqu'elle n'est que l'effet d'une pitié peu raisonnée. Celle-ci peut se trouver même dans les ames les plus vicieuses.

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NOUS souspirons avec les affligés, compatissons à leur mal, ou pource que, par un secret consentement, nous participons au mal les uns des autres, ou bien que nous craignons en nous-mesmes ce qui arrive aux autres.


[2] Mais cecy se faict doublement, dont y a double misericorde : l'une fort bonne, qui est de volonté, et par effect secourir les affligés sans se troubler ou affliger soy-mesme, et sans se ramollir ou relascher de la justice ou de la dignité. C'est la vertu tant recommandée en la religion, qui se trouve aux saincts

  1. C'est le trente-quatrième de la première édition.
  2. Variantes. Or c’est passion d’ame foible ; c’est une sotte et feminine pitié qui vient de mollesse et foiblesse d’ame esmeue et troublée ; elle loge volontiers aux femmes, enfans, aux ames cruelles et malicieuses.