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XXIX
DÉDICATOIRE.


lustre, et ne peut bien trouuer son jour en la presence de l'autre : mais venans à s'entre bien entendre et unir, il en sort une harmonie tres melodieuse, c'est là perfection. De cecy vous estes, MONSEIGNEVR, un exemple tres riche et des plus illustres, qui soit apparu en nostre France, il y a fort long temps. La BONNE FORTVNE ET LA SAGESSE se sont tousiours tenus par la main, et conjointement se sont faits valoir sur le theatre de vostre vie. Vostre BONNE FORTVNE a estonné et transy tous par sa lueur et splendeur ; VOSTRE SAGESSE est recognue et admirée par tous les mieux sensez et judicieux. C'est elle qui a bien sceu mesnager et maintenir ce que la BONNE FORTVNE vous a mis en main. Par elle vous avez sceu non seulement bien remplir, conduire et releuer la bonne fortune, mais vous vous l'estes bastie et fabriquée, selon qu'il est dict, que le Sage est artisan de sa fortune ; vous l'auez attirée, saisie, et comme attachée et obligée a vous. Ie scay auec tous, que le zele et la dévotion à la vraye religion, la vaillance et suffisance militaire, la dextérité et bonne conduicte en toutes affaires, vous ont acquis l’amour et l'estime de nos Rois, la bien-veillance des peuples, et la gloire partout. Mais j’ose et veux dire que c'est vostre Sagesse qui a la meilleure part en tout cela, qui couronne et parfaict toutes choses. C’est pourquoi justement et très a propos, ce liure de Sagesse vous est dédié et consacré, car au Sage la Sagesse. Vostre nom mis icy au front est le vray titre et sommaire de ce liure : c'est une belle et douce harmonie, que du modèle oculaire auec le discours