Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée
XXVIII
ÉPITRE


ment l'admiration et l'adoration. Ceste cy par son esclat touche et ravit plus les simples et populaires ; celle là est mieux apperceuë et recognue des gens de jugement. Rarement se trouvent elles ensemble en mesme subject, au moins en pareil degré, et rang, estant toutes deux si grandes, qu'elles ne peuvent s'approcher et mesler sans quelque jalousie et contestation de la primauté. L'une n'a point son


    la Sagesse, et les éditeurs modernes, qui tous l’ont omise, ont agi contre les intentions de l’auteur, et n’ont ainsi donné que des éditions incomplètes. Ce duc d’Espernon (son vrai nom était la Valette), dut son titre, les nombreuses places qu’il occupait, et ses immenses richesses, aux faveurs du prodigue Henri III. Voltaire l’a condamné à une infâme célébrité, en le nommant parmi les mignons de ce roi.

    Quelus et Saint-Maîgrin, Joyeuse et d’Espernon,
    Jeunes voluptueux qui régnaient sous son nom,
    D’un maître efféminé corrupteurs politiques,
    Plongeaient dans les plaisirs ses langueurs léthargiques.

    (LA HENRIADE, ch. Ier., v. 30 et suiv.)

    Après la mort de Henri III, d’Espernon servit tour-à-tour la Ligue et Henri IV, qui eut beaucoup de peine à lui accorder sa confiance. Il avait de la bravoure, mais plus encore d’orgueil et d’avarice. Dans tous les pays qu’il fut appelé à soumettre ou seulement à gouverner, il se rendit coupable, ou d’inutiles cruautés, ou d’exorbitantes concussions. (Voyez son histoire dans toutes les biographies).

    Voilà l’homme à qui Charron dédie, consacre son livre ; car, dit-il, au Sage la SAGESSE..... Quel Sage, grand Dieu, que ce duc d’Espernon !