leurs compressions et dilatations outre et souvent
contre nostre advis et volonté, tesmoin les
esternuemens, baaillemens, saignées, larmes,
hoquets et fluxions, qui ne sont de nostre liberté ; cecy est du corps ; l’esprit oublie, se souvient, croist,
mescroit, et la volonté mesme, qui veust souvent
ce que nous voudrions qu’elle ne voulust
pas ; mais externes et apparentes ; le visage
rougist, pallist, blesmist ; le corps engraisse et
amaigrist, le poil grisonne, noircist, blanchist,
croist, se herisse ; la peau fremist sans
et contre nostre consentement. Est-ce à cause qu’en
cela se monstre plus au vray la pouvreté et foiblesse
humaine ? Si faict-elle au manger, boyre,
douloir, lasser, se descharger, mourir, dont
l’on n’a pas de honte. Quoy que soit, l’action
n’est aucunement, en soy et par nature, honteuse ;
elle est vrayement naturelle, et non la
honte, tesmoin les bestes : que dis-je, les bestes !
La nature humaine, dict la theologie, se maintenant
en son premier originel estat, n’y eust
senti aucune honte ; comme de faict, d’où
vient la honte que de foiblesse, et la foiblesse
que du peché, n’y ayant rien en nature et de
soy honteux ? N'estant la cause de cette honte ne la nature, il la faut chercher ailleurs ; elle est donc artificielle. Seroit-ce point une invention forgée au cabinet de Venus pour donner prix à la besogne, et en faire venir davantage l'envie ? C'est avec un peu d'eau allumer plus de feu, comme le mareschal ; c'est convier et embraser l'envie
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DE LA SAGESSE,