Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée
168
DE LA SAGESSE,


les parties qui y servent. Elle n'est honteuse ni vicieuse, elle ne le devient que par les abus et les maux qu'elle entraine.


Exemple : Alexandre.
_________


C'EST une fievre et furieuse passion que l’amour charnel, et très dangereuse à qui s’y laisse transporter ; car où en est-il ? Il n’est plus à soy ; son corps aura mille peines à chercher le plaisir ; son esprit, mille gehennes à servir son desir ; le desir croissant deviendra fureur : comme elle est naturelle, aussi est-elle violente et commune à tous, dont, en son action, elle esgale et apparie les fols et les sages, les hommes et les bestes : elle abestist et abrutist toute la sagesse, resolution, prudence, contemplation, et toute operation de l’ame. De là Alexandre cognoissoit qu’il estoit mortel, comme aussi du dormir ; car tous deux suppriment les facultés de l’ame.

La philosophie se mesle et parle librement de toutes choses pour en trouver les causes, les juger et reigler, si faict bien la theologie, qui est encore plus pudique et retenue. Pourquoy non, puis que tout est de sa jurisdiction et cognoissance ? Le soleil esclaire sur les fumiers sans en rien tenir ou sentir : s’effaroucher ou s’offenser des paroles, est preuve de grande foiblesse, ou d’estre touché de la maladie. Cecy soit dict pour ce qui suit, et autres pareils s’il y en a. Nature, d’une