Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée
116
DE LA SAGESSE,


grande et haute partie intellectuelle de l’ame où y a tant de pieces, facultés, actions et mouvemens divers, dont y a aussi tant de noms, et s’y trouvent tant de difficultés[1].

Son premier office est de recevoir simplement, et apprehender les images et especes des choses, qui est une passion et impression en l'ame, causée par l'object et presence d'icelles, c'est imagination et apprehension.

La force et puissance de paistrir, traitter et agiter, cuire et digerer les choses receues par l'imagination, c'est raison, λόγος [2].

  1. Cet entendement (ainsi l’appellerons-nous d’un nom general) intellectus, mens, νοῦς (a), est un subject general, ouvert, et disposé à recevoir et embrasser toutes choses, comme la matiere premiere, et le miroir toutes formes, intellectus est omnia (b). Il est capable d’entendre toutes choses, mais soy-mesme, ou point (tesmoin une si grande et presque infinie diversité d’opinions d’iceluy, de doubtes et objections qui croissent tous les jours), ou bien sombrement, indirectement et par reflexion de la cognoissance des choses à soy-mesme, par laquelle il sent et cognoist qu’il entend, et a puissance et faculté d’entendre : c’est la maniere que les esprits se cognoissent eux-mesmes (c).
  2. Ce mot grec est expliqué, ou plutôt traduit, par le mot qui le précède.

    (a) L'intellect, l'esprit, νοῦς a le meme sens en grec que mens en latin.

    (b) « L'intellect est tout ».

    (c) Ce passage de l'édition de 1601 a été supprimé en entier dans celle de 1604.